Depuis un certain temps, une crise secoue la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques et des consommables médicaux (CAMEG). Une crise qui n’aurait pu exister si les autorités sanitaires de notre pays tenaient compte des préoccupations de nombre d’acteurs liés directement ou pas à la Cameg. Les autorités ont plutôt choisi de poser des actions qui ne font qu’attiser la crise et qui laisse croire que c’est une situation qu’elles ont bien voulu fabriquer de toutes pièces. En effet, malgré différentes interpellations sur le danger que court la structure face aux manœuvres du Ministre de la santé Smaïla Ouédraogo, ce dernier est resté droit dans sa logique en nommant à la Cameg, un nouveau président de conseil d’administration. Une décision sur laquelle la justice burkinabè ordonne un sursis d’exécution. Avec le licenciement du directeur général de la Cameg par le conseil d’administration version ministre de la santé, c’est bien visible que les autorités sanitaires n’entendent pas se plier au verdict de la justice, maintenant ainsi, aussi longtemps que possible la situation de crise. C’est désormais un secret de polichinelle, le Ministre de la santé tient à passer en force, allant jusqu’à fouler au pied la loi burkinabè. Et pourtant, des interpellations font état des conséquences que pourraient entraîner les actes du ministre. Notamment, des ruptures de stocks de certains produits essentiels et les risques de saignée financière de la CAMEG. En ce qui concerne la décision de justice qui est visiblement vidée de son contenu par le ministre Smaïla Ouédraogo, cela ne devrait étonner personne, en ce sens que, le président Kaboré lui-même avait critiqué le fait que les magistrats soient leur propre patron avec la nouvelle loi sur l’indépendance de la justice votée sous la Transition. Tout comme le président de l’Assemblée Nationale Salif Diallo, n’avait pas hésité en juin dernier à traiter les magistrats d’affairistes. Dans un pareil contexte peut-on appeler à longueur de journée au respect de l’autorité de l’Etat, si bien entendu, cette autorité est le respect de la loi ? N’est-ce pas que ce qui se passe à la Cameg n’est ni moins ni plus que de l’incivisme au sommet de l’Etat ? En tous les cas, la situation est inqualifiable et digne d’une autre époque. Nous l’avons déjà dit et répété, les mêmes sont de retour et ce serait illusionniste aux burkinabè qui restent confrontés aux dures réalités quotidiennes d’attendre des autorités actuelles qu’elles répondent aux immenses besoins des populations de notre pays. C’est clair que ces nouvelles anciennes autorités ramènent dans leur gestion du pouvoir, toutes les mauvaises pratiques politiques qui avaient suscitées l’insurrection populaire d’octobre 2014. Clientélisme, corruption, abus de pouvoir, défense d’intérêts égoïstes, injustice, impunité, moindre soucis des besoins des masses populaires. A preuve, sous Blaise Compaoré, la Cameg n’a connu que la situation qu’elle connait aujourd’hui. Comme le chante un artiste musicien, Ali Baba et les 40 voleurs sont vraiment de retour. A cette allure, c’est évident, notre pays ne se fera pas l’économie d’autres mouvements populaires à l’image de l’insurrection.