L’information est officielle. Elle est relayée par un communiqué du Service d’information du Gouvernement. Le Burkina Faso est le 2ème Etat africain et le 29e au plan mondial des pays, aux secteurs miniers les plus attractifs. Le classement est du rapport 2015 de l’Institut Fraser basé au Canada. Mais à qui profite réellement ce classement quand on sait que l’indice de développement humain 2015 du PNUD place le Burkina Faso 183ème sur 188 pays ? Quelle est la réalité du secteur minier dans notre pays ?
Dans ces dernières années, on assiste effectivement, à une véritable ruée des multinationales minières sur le sous-sol burkinabè. C’est la conséquence de l’adoption en 2003 par le pouvoir de la 4ème république d’un code minier pour disait-il, attirer les investisseurs miniers dans le pays. Ce code semble bien attractif au regard de l’entrée en production après son adoption de 9 mines dont plus de la majorité intervienne dans l’exploitation aurifère. En plus de ces exploitations formelles de l’or, on note l’existence dans plusieurs localités du pays de nombreux sites d’orpaillage. Ainsi, en 2009, l’or est devenu le 1er produit d’exportation et principale source de devises du Burkina. Malgré tout, force est de constater que ledit code est propice aux affaires certes, mais malheureusement mal propre au développement réel de notre pays. Comment un code qui répond au principe du libéralisme économique peut sortir réellement le pays de la misère et de l’appauvrissement ? Même relut sous la transition, le code minier nous reste défavorable. Tenez-vous qu’en plus de la liberté d’exportation de leur production d’or sans contrainte et des avantages douaniers et fiscaux, 90% de la part du capital social reviennent à la société contre 10% pour l’Etat burkinabè. Des miettes qui ne permettent certainement pas des investissements dignes de ce nom. Les multinationales minières non plus n’investissent pas de façon structurante sur notre sol, c’est à peine si leurs chiffres d’affaires issus de nos minerais sont officiellement connus. A cela s’ajoute le trafic des minerais notamment l’or hors du pays par des voies frauduleuses. A en croire une ONG suisse, ce pays aurait importé frauduleusement en 2014 au moins 7 tonnes d’or issue des mines artisanales burkinabè, avec des pertes fiscales pour notre pays estimé à plus trois milliards de F CFA. Sur le terrain, la plus part des sociétés minières, bafouent la règlementation et les conventions du travail. Les conflits et les licenciements sont patents. En témoignent les cas récents des mineurs licenciés par les sociétés Bissa Gold et la mine de Bélahourou. En plus des faibles retombées de la production d’or sur le budget national, les intérêts des populations des localités qui abritent les mines semblent abandonnées. Les riverains des zones minières sont plutôt confrontés à des déguerpissements, au renchérissement du coût de la vie, à la destruction de leur cadre de vie et valeurs culturelles. On note aussi, le développement du travail des enfants, de la prostitution, de la consommation des stupéfiants et du grand banditisme sur les sites miniers. Ces malheureuses difficultés auxquelles elles sont confrontées, poussent les populations à des révoltes parfois violentes. Ce fut le cas en janvier et mai 2015 à Namissiguima contre les installations de la société True Gold dans le nord du Burkina. Avec toutes ces réalités néfastes, peut-on encore penser que l’exploitation des mines telle qu’en vigueur dans notre pays, peut permettre véritablement de relever durablement le niveau de vie des masses populaires ? Assurément, non. C’est clair que les populations voire le pays, ne gagnent pas grand-chose, si non avec un sous-sol aussi riche et très attractif, les couches populaires n’allaient plus baigner dans une pauvreté aussi insultante. Nos mines constituent plutôt un vaste espace de prédation des richesses du pays au profit des multinationales. En filigrane, faut-il se réjouir ou s’inquiéter du second rang africain et 29ème mondial du Burkina Faso ? Ni l’un, ni l’autre. Il faut se dire seulement qu’il est plus que jamais nécessaire que les burkinabè s’organisent d’avantage et résiste farouchement contre le pillage de nos ressources minières, et surtout exiger une redistribution judicieuse des retombées minières au profit du développement des régions concernées en particulier et du pays en général.
RL 25 03 16